Ils étaient 36 agriculteurs et agricultrices à se réunir le jeudi 7 septembre sous le soleil pour le Bout de champ départemental 2023 du Civam AD. Celui-ci s’est déroulé chez Florian Sablé, éleveur de vaches Salers et Rouge des prés sur la ferme du Château au Bourgneuf-la-Forêt. Ce rendez-vous a permis de réunir nos adhérent.e.s de toute la Mayenne et de toutes les productions pour une journée riche en échanges sur la thématique de « l’engraissement à l’herbe ». Ce Bout de champ a commencé, comme tous les autres, par un accueil chaleureux autour d’un café et s’est ensuite découpé en 4 temps :
1er temps fort
Échange en petit groupe sur l’engraissement chez les uns et les autres
Durant cette première heure, les animateurs et animatrices ont invité les participant.e.s à échanger sur l’engraissement sur leurs fermes que ce soit pour les éleveurs.euses en bovins lait, en bovins viande ou en caprins lait.
Peu ou pas d’engraissement en élevage caprin pour plusieurs raisons
Une filière de valorisation de la viande existe mais elle rencontre des difficultés avec des débouchés limités.
L’élevage des mâles sous la mère baisserait la production de lait et la poudre de lait, notamment en bio, reste très onéreuse et nécessiterait un temps de travail supplémentaire.
Les chevrettes sont élevées à la poudre de lait pour éviter l’élevage sous la mère qui les rendrait trop sauvages.
L’engraissement en élevage bovin viande
Le choix des races se tourne vers des animaux ayant une bonne adaptation pour de l’engraissement à l’herbe, une bonne précocité ou une qualité organoleptique : Charolais, Salers, Angus, Hereford, Rouge des prés ont ainsi été mise en avant (plus de détail sur la conduite dans l’atelier 3).
L’engraissement en élevage bovin lait
A la question Quelles sont les raisons ou motivations qui vous amènent à engraisser ? plusieurs raisons sont ressorties des échanges : le contrôle du taux de renouvellement en pratiquant des croisements viandes, la valorisation de parcelles éloignées, l’envie de créer du lien social via quelques ventes directes, la consommation personnelle mais aussi des questions d’éthique avec une filière du veau bio qui est loin de satisfaire les éleveurs.euses.
Mais on a aussi entendu des freins comme l’augmentation de la charge de travail ainsi que le changement climatique et l’impact d’une augmentation du chargement qui influeraient encore plus sur les stocks fourragers.
Concernant le choix des races, là encore les échanges étaient riches avec entre autres :
La Limousine : sur les génisses pour faciliter le vêlage, avec un point de vigilance sur l’augmentation des gabarits en limousin.
L’Angus : sur les génisses pour l’absence de cornes, ainsi que la qualité de la viande ou sa précocité, mais pour certains marchands cette race n’est pas souhaitée.
La Bleu blanc belge : des beaux gabarits mais plutôt sur les vaches laitières en demandant des taureaux vêlage facile
L’Inra 95 : permet de mieux valoriser les veaux à 15 jours
La race normande a été mise en avant pour sa bonne valorisation en viande
2ème temps fort
la Présentation du groupe bovin viande
Didier Thibault et Florian Sablé ont ensuite accepté de participer à une présentation de leur groupe. Ils ont ainsi détaillé chacun leur conduite du troupeau depuis le choix de la race jusqu’à la finition :
Ils sont revenus sur la création du groupe d’échange bovin viande qui existe depuis près de 10ans maintenant et réunit une quinzaine d’éleveurs. Certains d’entre eux ont également démarré un GIEE engraissement à l’herbe pour travailler sur la croissance des jeunes et la finition des animaux à l’herbe.
Didier a présenté son système basé sur la race Charolaise qui était historiquement en place sur la ferme qu’il avait repris. C’était aussi une race qu’il avait vu lors de ces études, qu’il connaissait bien et finalement une race qui s’adapte bien au système herbager qu’il souhaitait mettre en place
Florian a quant à lui choisi la race Salers pour son vêlage facile, sa conformation et son allure. Il engraisse également des Rouges des prés, au gabarit plus imposant, pour répondre à la demande de la restauration collective.
La castration des animaux a suscité de nombreuses questions sur les méthodes mises en place, les avantages, les coûts, les résultats, et la conformation au cahier des charges bio. Entre les élastiques, l’utilisation des pinces ou la castration par intervention chirurgicale du vétérinaire, les échanges ont été riches. D’ailleurs, si vous souhaitez plus d’informations sur ce sujet, sachez que le Civam bio proposera cet hiver une formation sur la castration des veaux.
Florian nous a ensuite présenté sa méthode de finition des animaux, ses points d’observation notamment sur l’attache de queue ou le dos mais aussi son organisation pour avoir des animaux conformés de façon régulière.
Pierre-Yves Carton éleveur laitier à Bais, a par la suite présenté le groupe Valomâle de valorisation des veaux mâles en élevage laitier. Ce système consiste à vendre des veaux laitiers issus de croisement avec des vaches nourrices laitières à un.e éleveur.se en allaitant qui pourra les engraisser. Ce projet en plein développement permet de répondre à la problématique des veaux laitiers et de donner encore plus de cohérence à certains systèmes mais il entraîne également des contraintes et demande une certaine rigueur.
3ème temps fort
Un repas local et convivial
Le repas du midi s’est déroulé dans une belle ambiance où tout le monde pouvait échanger sur les ateliers du matin ou tout simplement prendre des nouvelles autour de bons produits comme « les chips de Momo » de la chapelle au Riboul, la bière « Osmie » de Léa Raimbault de Port Brillet, les cidres et jus de pommes de la ferme de Cornesse de Marie Bourny , des légumes du Bourgneuf-la-forêt, des crêpes de Marie-Laure Gruau de Saint-Ouën-des-Toits et de délicieux paninis, réalisés par « Safarine » et garnis par Florian avec sa viande hachée et du fromage d’Entrammes.
4ème et dernier temps fort
La visite de ferme
Rien de mieux qu’une balade digestive après un bon repas ! Très bien située, sur les hauteurs de Bourgneuf-la-Forêt avec une vue plongeante sur le bourg et ses vallons, la ferme de Florian s’y est prêtée parfaitement. Malgré la chaleur, le groupe se rassemblait à l’ombre des grands arbres qui bordent ses prairies pour échanger avec l’éleveur sur ses questionnements du moment.
Des sujets passionnants et essentiels au bon fonctionnement des systèmes herbagers ont été soulevés, tels que l’acheminement de l’eau sur les parcelles malgré une faible pression, la ferme étant au pied du château d’eau.
La valorisation des haies bocagères par le déchiquetage et la transformation du bois en plaquettes pour en faire de la litière a aussi suscité de nombreux questionnements et retours d’expériences. Pour Florian, qui ne souhaite pas tailler à blanc ses arbres, se posait la question de savoir si faire venir la déchiqueteuse sans avoir de gros volumes était rentable.
Les agriculteur.ice.s ont également parlé prairie bien-sûr ! Chez Florian ce sont surtout des prairies naturelles, ce qui lui permet de limiter son temps de travail sur le tracteur. Celle qui attire particulièrement l’attention des habitants du bourg, c’est la prairie à la sortie de la stabulation, en accès libre tout l’hiver pour les vaches. Très abîmée lors de la remise à l’herbe au début de printemps, elle redémarre chaque année après un coup d’émousseuse dès que le sol porte avec une production satisfaisante.
Le tour de prairies s’est conclu face au troupeau de vaches allaitantes, elles aussi à l’abri des arbres. Florian a ainsi pu montrer de près la différence de gabarit entre les imposantes Rouges des prés et les Salers plus légères aux cornes majestueuses ; le petit effectif de son troupeau permet en effet à l’éleveur de ne pas écorner ses vaches.
Groupe bovin viande !
Le groupe bovin viande se réunit plusieurs fois par an, avec deux journées de formations sur l’analyse des performances technico-économiques des fermes (Civam bio), et deux à trois demi-journées Bout de champ, moment d’échanges de pratiques et de visites de ferme chez l’un des membres du groupe. Si vous êtes souhaitez rejoindre le groupe, n’hésitez pas à contacter Cécile Brigot du Civam AD 53.
Contact :
Cécile Brigot 07 82 83 88 14
cecile.brigot@gmail.com
Formation CIVAM Bio
Si les thématiques de la castration et l’écornage des veaux vous intéressent, si vous souhaitez connaître les évolutions sur la réglementation et la certification, n’hésitez pas à contacter Simon Thomas du Civam Bio.
Contact :
Tél : 02 43 53 93 93 – 06 95 82 60 01
Mail : productionsanimales@civambio53.fr